Faire un « pas de côté »

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Faire un « pas de côté »

Publié le 19 septembre 2018

Pendant cette période estivale, si vous avez parcouru le « Voyage à Nantes », peut-être avez-vous croisé cette sculpture « Eloge du pas de côté » ?

Dans un monde plein de certitudes, le pas de côté, correspond à ce moment de prise de risque, de sortir du socle, d’être dans le vide et être capable de vivre un temps d’incertitude à la recherche d’un nouvel équilibre.

Dans notre société qui nous incite à la créativité collective, peut-on envisager une action collaborative et créative pour lancer un projet innovant sans faire un pas de côté ?

Peut-on réussir à faire ce pas de côté, si l’on manque d’expérience collaborative et de formation appropriée? C’est un des défis lancés par le codesign.

Aujourd’hui, de nombreux lanceurs de projets affirment travailler en co-création… Si l’on utilise de nouveaux outils dits collaboratifs sans remettre en cause notre façon de faire, ne sommes-nous pas dans l’illusion du collaboratif? Comme le montre le dessin  ci-dessous, malgré l’évolution technologique, les habitudes de nettoyage ne changent pas.

 

prise de risque

 

Alors, prenons le temps d’explorer ensemble, de se déplacer pour voir les choses sous un autre angle, « sortir du cadre ». Changer son angle de vue et prendre des risques, seul c’est difficile, à plusieurs nous irons plus loin.

De notre expérience de formation en codesign, nous retirons quelques points de vigilance visant à créer les conditions favorables au « pas de côté », à l’émergence de la créativité dans une démarche collaborative. Nous l’avons expérimenté tout d’abord auprès des étudiants pour un enseignement plus collaboratif, puis des entreprises et des associations pour rassembler les « experts professionnels » et les « experts d’usage «  que sont les usagers.

Peut-on faire un pas de côté sans orientation ?

  • Donner du sens à l’action ?

Au delà des frontières disciplinaires, interrogeons la diversité des apports qu’ils soient d’ordre éthique, économique, social, psychologique, écologique, technique. En visant une démarche interdisciplinaire, commençons par questionner les finalités du projet pour éviter de s’engager dans une orientation unique (par exemple une visée économique).

Peut-on faire un pas de côté sans transparence ?

  • La confiance se gagne dans le temps.

La confiance ne se décrète pas. Elle s’installe progressivement au cours du travail collaboratif. Dans la progression du projet, elle découle de l’adhésion entre les acteurs, de l’engagement réciproque et de la transparence au fil du temps. Avec le vécu du groupe se vérifie la cohérence entre « le dire et le faire». L’efficacité d’une action collaborative dépend également de la flexibilité des acteurs qu’ils soient porteurs de projets, commanditaires, services et usagers, partenaires ou animateurs.

Peut-on faire un pas de côté sans diverger ?

  • L’expression des différences, moteur de la créativité

Dans un groupe hétérogène, l’affrontement, la confrontation et la combinaison des idées sont  nécessaires pour avancer, reculer, modifier, enrichir et structurer un projet. Tout l’enjeu est de faire vivre ces différences. Etre flexible dans ses postures de pilotage pour maintenir une qualité relationnelle et enrichir considérablement la progression du groupe. Les acteurs de l’animation se doivent de diversifier les postures pédagogiques.

Peut-on créer sans faire un pas de côté ?

  • Un pas de côté pour une meilleure efficience, un meilleur vivre ensemble.

Si l’on veut améliorer un service, un métier, un territoire, envisageons une démarche de créativité collective.

Les outils créatifs suffisent-ils pour faire émerger des idées nouvelles ? Non, l’outil est nécessaire pour confronter, croiser, opposer, combiner les idées mais l’outil reste insuffisant.

Nous constatons pendant des parcours d’innovation collaboration que les plus-values apportées par les réponses créatrices sont inégales. L’évaluation se mesure sur l’écart entre la proposition initiale et le résultat final. La démarche itérative nous permet d’avancer au pas à pas, pour enrichir les idées. Le travail créatif nous oriente vers des phases qui incitent à explorer d’autres dimensions, contextes, secteurs professionnels. Il convient d’interroger de nouveaux modes, de nouvelles approches, bref «sortir du cadre », « faire un pas de côté ». Parallèlement à tout cela, il s’agit de créer les conditions pour faciliter l’expression, limiter les censures entre acteurs et les auto-censures, de susciter la curiosité individuelle et collective. Au-delà de la multitude d’outils créatifs qui sont proposées, le « saut créatif » varie selon le climat, les personnes, les groupes de réflexion, les états de stabilisation et de déstabilisation, la motivation mais aussi l’engagement dans l’action.

Les compétences créatives et collaboratives sont à la portée de tous à condition de les cultiver.

 

Les parties prenantes sont invitées à participer à la mise en place de dispositif adapté. Notre rôle étant d’élaborer une démarche pédagogique, d’associer, de planifier, de former jusqu’à proposer un accompagnement pour aller vers l’autonomie des équipes projet.